Le conférencier nous présentera son livre,
"Quand je serai grand, je serai bilingue" ( YORAN Embanner,2022),soit (comme vous êtes aussi germanophone) sa version allemande :" Wenn ich einmal groß bin,werde ich zweisprachig sein",V.D.S.,2023,qui permet de rafraîchir des connaissances linguistiques...
L‘ancien professeur de lettres classiques et lui-même parent d‘élève y retrace le combat difficile et de longue haleine pour faire (ré)admettre l‘enseignement substantiel de l‘allemand et de ses versions dialectales dans les écoles d‘Alsace.
Le livre survole les étapes dans le domaine faites d‘avancées, mais également de reculs, allant d‘une loi Deixonne de 1951, première prise en compte par l‘Education nationale des langues régionales jusqu‘alors minorisées, voire entièrement ignorées (…), à la toute jeune CEA, dont le développement du bilinguisme est explicitement une des missions et dont on attend la mise en oeuvre concrète.
Ce sont autant de péripéties et d‘ obstacles divers auxquels les parents ont dû faire face pour permettre enfin à leurs enfants de bénéficier pleinement du double héritage linguistique régional et de la richesse intellectuelle et culturelle qui en découle. L‘objectif à ce jour n‘est qu‘imparfaitement atteint et la lutte continue. L‘accent est mis sur l‘évidence que l‘alsacien est une forme de l‘allemand, qui a besoin pour survivre de sa „langue-toit“, sa „Dachsprache“, dont elle est inséparable. L‘allemand n‘est pas la „langue du voisin“, mais la version „haute“ des langues d‘Alsace (et de Moselle).
Autre idée-force : seule l‘immersion (en maternelle et en CP) peut compenser le déséquilibre qui s‘est formé entre les deux langues, cette même immersion qui a été mise en oeuvre avec succès au lendemain de la guerre – l‘allemand „provisoirement“ interdit– pour transformer les générations suivantes en quasi-monolingues français et qu‘il importe de faire fonctionner désormais à rebours. (…)
Ce sera aussi l'occasion de réfléchir à l'importance du bilinguisme ...
5 façons
d’être bilingue…
L’âge d’acquisition d’une langue joue un rôle
déterminant dans le bilinguisme d’une personne. On distingue cinq types de
bilinguisme :
- Le bilinguisme précoce simultané : apprentissage de deux langues
dès la naissance. C’est le cas des personnes qui ont deux parents avec
deux langues maternelles différentes.
- Le bilinguisme précoce consécutif : apprentissage partiel d’une
langue dès la naissance, avant d’en apprendre une seconde langue dès la
petite enfance. C’est le cas des enfants qui sont, par exemple, gardés par
une nourrice parlant une langue étrangère.
- Le bilinguisme tardif : apprentissage d’une seconde langue dès
l’âge de 6 ans, à partir de la langue maternelle.
- Le bilinguisme additif : atteinte du bilinguisme grâce à des
cours de langue.
- Le bilinguisme soustractif : apprentissage d’une seconde langue
au détriment de la première.
… pour 5
degrés de bilinguisme
Parallèlement à ces cinq façons de devenir
bilingue, on distingue cinq degrés de maîtrise du bilinguisme :
- Le « vrai » bilinguisme : maîtrise parfaite des deux
langues, capacité à s’exprimer dans tous les registres, sur tous les
sujets.
- Le « semi-linguisme » : niveau de connaissance des deux
langues égal, même si aucune des langues n’est réellement maîtrisée. C’est
par exemple le cas des enfants qui apprennent deux langues en même
temps.
- L’« équilinguisme » : maîtrise des deux langues de la
même façon, sans pour autant atteindre le niveau d’un locuteur natif.
- La diglossie : utilisation de chaque langue dans un contexte
spécifique. Au Paraguay, il est courant de rencontrer des personnes qui
parlent à la fois le guarani (utilisé dans la vie de tous les jours, avec
la famille, les amis, les collègues…) et le castillan (utilisé
à l’école, dans ses relations administratives, dans un cadre formel…). Les langues régionales comme l’occitan, le basque, ou le breton peuvent également relever de
la diglossie.
- Le bilinguisme passif : comprendre une langue sans être capable
de la parler. C’est le cas de l’auteur de ces lignes, parfaitement capable
de comprendre le khmer à l’oral sans pour autant être capable de le
parler, de le lire, ou de l’écrire.
Les
conséquences du bilinguisme sur le cerveau
Jusqu’au milieu du XXe siècle, le bilinguisme
était accusé de tous les maux : responsable d’enfants confus, retardant le
développement cognitif, empêchant la réussite scolaire et l’ascension sociale…
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour dire
que le bilinguisme ne génère aucun effet négatif. En nous basant notamment sur
les recherches d’Ellen Bialystok, nous pouvons distinguer trois grandes
conséquences positives du bilinguisme sur le cerveau.
Les
conséquences positives
Il existe trois principales conséquences
positives au fait d’être bilingue.
— Retarder les symptômes de démence et la
maladie d’Alzheimer
L’une des études d’Ellen Bialystok a porté sur
450 personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, tous présentant les mêmes
symptômes au moment du diagnostic. La moitié de l’échantillon était des
personnes bilingues, ayant activement parlé au moins deux langues de façon
régulière dans leur vie.
Ses recherches ont montré que les patients
bilingues ont commencé à ressentir les symptômes de la maladie quatre à cinq
années plus tard que les monolingues. Elle en conclut qu’être bilingue
n’immunise pas contre Alzheimer, mais offre un répit.
Dans le même ordre d’idée, en 2013, la chercheuse
indienne Suvarna Alladi a publié une étude portant sur 648 personnes, montrant
des résultats similaires.
L’explication serait que lorsqu’on vieillit, le
bilinguisme aiderait à préserver les matières grises et blanches, essentielles
pour nos capacités cognitives. En outre, le fait d’apprendre une langue, même à
un âge avancé, augmenterait la matière grise.
— Un cerveau plus efficace
Être bilingue est souvent décrit comme un
jonglage permanent entre deux langues. En voyant une voiture, un bilingue
franco-espagnol pensera à la fois au mot voiture et au mot carro.
S’il se trouve avec un autre français, il parlera d’une voiture,
inhibant le mot carro, qui reste pourtant quelque part au fond de sa
tête.
Les recherches d’Ellen Bialystok ont montré que
ce « double circuit », à force d’être sollicité, renforce le système
de « contrôle exécutif » du cerveau, comme si le bilinguisme
« musclait » cette partie de notre organe.
De la même manière qu’un athlète qui s’entraîne
réussira à soulever un poids plus élevé qu’une personne normale, les bilingues
sont donc mieux entraînés pour réaliser certaines tâches cognitives :
faire plusieurs choses à la fois, résoudre des conflits, passer rapidement d’un
ordre à un autre, inhiber une action.
— Être bilingue développe la créativité
Plusieurs études affirment en outre que le
cerveau des personnes bilingues serait plus créatif que celui des unilingues.
La première étude sur ce sujet a été réalisée au Québec en 1962, et concluait
qu’être bilingue offrirait un réel atout sur le plan cognitif, notamment en
termes d’ouverture d’esprit, de créativité, et de flexibilité. La méthodologie
employée lors de ces études est néanmoins régulièrement contestée :
échantillon trop faible, biais externes, environnement social privilégié…